Seins durs et douloureux : éviter l’engorgement –

Quand j’ai commencé à allaiter, je me souviens avoir entendu mille fois cette phrase : « C’est normal d’avoir les seins durs comme des obus au moment de la montée de lait ». Mais en réalité, ce n’est pas vrai. L’engorgement n’est pas une fatalité. Ce phénomène, très fréquent mais souvent mal compris, survient quand le lait, le sang et la lymphe s’accumulent dans la poitrine, créant une tension douloureuse. Résultat : seins gonflés, lourds, parfois rouges, bébé qui a du mal à attraper le sein… et une maman épuisée, inquiète, parfois découragée.

La bonne nouvelle, c’est qu’on peut agir. L’engorgement est évitable et gérable, à condition de comprendre ses causes, de favoriser une mise au sein fréquente et efficace dès la naissance, et de connaître les bons gestes pour soulager la douleur. Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon complet :

Qu’est-ce que l’engorgement mammaire et à quoi est-il dû ?
Comment le reconnaître et le soulager naturellement ?
Comment le prévenir, notamment lors de la montée de lait ?

En tant que maman, et fondatrice de Mumade et conseillère en allaitement, je crois profondément qu’allaiter devrait être une expérience douce et harmonieuse. Prévenir l’engorgement, c’est agir pour un allaitement harmonieux et plus doux.

Qu’est-ce que l’engorgement mammaire ?

L’engorgement survient quand la poitrine se retrouve en excès de liquide. Contrairement à ce qu’on croit, ce n’est pas uniquement du lait qui s’accumule : il s’agit plutôt d’oedème lié à la stase du sang et de la lymphe dans les tissus mammaires. Le sein devient alors gonflé, tendu, parfois chaud au toucher.

C’est un fréquent au début de l’allaitement, mais il n’est pas normal et surtout, c’est douloureux et gêne la mise au sein donc le demarrage d’un allaitement serein.

Les signes typiques :

Seins lourds, durs, brillants
Aréoles tendues et aplaties (bébé peine à prendre le mamelon)
Douleur ou sensation de chaleur
Parfois un peu de fièvre ou un malaise général

À quoi est-il dû ?

L’engorgement a plusieurs causes, souvent combinées :

Une mise au sein trop rare : si le bébé ne tète pas assez souvent, le lait stagne.
Une succion inefficace : bébé n’extrait pas correctement le lait (mauvaise position, freins restrictifs…).
La montée de lait mal accompagnée : au 2ᵉ ou 3ᵉ jour post-partum, les seins reçoivent un afflux massif de sang et de lait. Si bébé n’a pas été assez au sein dès la naissance, l’équilibre ne se fait pas.
Un allaitement non à la demande : espacer artificiellement les tétées, donner un biberon ou limiter la fréquence peut créer un déséquilibre.
Le stress et la fatigue : ils jouent sur l’éjection du lait et aggravent l’engorgement.

L’engorgement et la montée de lait – un faux mythe

On nous répète souvent que lors de la montée de lait, les seins doivent devenir durs et énormes. Or c’est faux.

👉 Si bébé est mis au sein plus de 10 fois en 24h dès la naissance, et qu’il tète efficacement, la montée de lait se fait en douceur et harmonieusement. Les seins deviennent plus pleins, certes, mais ils ne devraient pas ressembler à des pierres.ni être douloureux.

C’est ici que l’accompagnement joue un rôle clé : être entourée, savoir que le bébé doit être allaité très souvent, comprendre l’importance d’un bon positionnement et d’une tétée efficace. Cela change tout.

Comment gérer un engorgement ?

Pour la maman : douleurs, engorgements à répétition, mastites (infections mammaires), fatigue psychologique face au débordement permanent.
Pour le bébé : difficultés de succion, coliques, reflux, agitation au sein, parfois même un refus du sein.

Nous avons rédigé un article pour vous aider si vous souffrez d’un engorgement.

👉 Ce qui est censé être un moment de réconfort peut se transformer en une véritable épreuve, source de découragement.

Comment réguler une lactation trop abondante ?

Si l’engorgement est déjà là, pas de panique. Voici les solutions les plus efficaces et naturelles :

Mise au sein fréquente et efficace : priorité absolue. Bébé est le meilleur allié.
Massage doux : assouplir les seins avant la tétée peut aider le bébé à attraper le sein et le lait à s’écouler
Expression manuelle : si bébé n’arrive pas à téter, exprimer un peu de lait à la main ou avec un tire-lait pour vidanger le sein
Feuilles de chou ou cataplasmes frais : pour diminuer l’inflammation
Application de chaleur douce avant la tétée : pour favoriser l’écoulement du lait.
Soutien-gorge adapté : confortable, sans compression.
Attention: il ne faut jamais comprimer ou appuyer fortement sur le sein, d’une c’est très douloureux et de deux cela peut abîmer les glandes mammaires et être contre productif.

Astuce : Un des secrets pour éviter l’engorgement, c’est de multiplier les mises au sein, et surtout de favoriser le peau-à-peau. Pour cela, j’ai personnellement trouvé que mon coussin d’allaitement était un allié précieux : il me permettait de garder mon bébé confortablement blotti contre moi, même tout petit. En l’installant ainsi, il pouvait dormir longtemps sur moi, profiter de ma chaleur, et reprendre le sein facilement quand il en avait envie. Cet outil simple change beaucoup de choses : il facilite le confort de maman, la proximité avec bébé et une montée de lait beaucoup plus harmonieuse

Prévenir l’engorgement, c’est possible

La prévention est le secret. Pour éviter d’en arriver à un sein engorgé, douloureux et difficile à drainer, il faut surtout miser sur le début de l’allaitement :

Allaiter à la demande, sans montre ni restriction : cela veut dire très fréquemment quand bébé vient de naitre
Favoriser le peau-à-peau dès la naissance puis tout le premier mois
Positionner bébé correctement (bouche grande ouverte, menton collé au sein, tout le corps du bébé contre la maman)
Éviter les compléments ou les biberons en début de lactation, sauf indication médicale
Être entourée : sage-femme, consultante IBCLC, groupe de soutien à l’allaitement

Quand consulter ?

Si malgré toutes ces mesures, la douleur persiste, si vous avez de la fièvre, des frissons ou une zone rouge et douloureuse, il est essentiel de consulter rapidement. Un engorgement mal géré peut évoluer en mastite.

Ne culpabilisez jamais : chaque allaitement est une aventure unique. L’important est de ne pas rester seule.

Mon expérience personnelle et un mot de soutien

Je sais à quel point ces premiers jours peuvent être déroutants. On veut bien faire, on se sent parfois dépassée. L’engorgement peut donner l’impression qu’on échoue, alors qu’au contraire, c’est souvent juste une question d’ajustement et de préparation.

Si je peux vous laisser un message, c’est celui-ci : Entourez-vous, et faites une bonne préparation pour comprendre l’importance des premiers jours.